Intégration scolaire / Audiodescription

décembre 2006

Editorial

Chers amis, chers membres,

L’un des thèmes majeurs défendu par notre association est l’intégration scolaire de nos enfants. Chacun d’entre nous à sa propre histoire, sa propre expérience qu’il partage quelques fois au sein de l’ARPA. Chaque intégration est différente et se fait au gré de l’enfant, des parents et du corps enseignant. Nous recevons ainsi les échos d’intégrations scolaires par­faitement réussies. Nous sommes aussi informés d’intégrations mal préparée et inadaptées générant souffrance et incompréhension chez nos enfants.

Dans ce bulletin, nous avons voulu témoigner de deux nouvelles expériences d’intégrations. Ce sont deux approches totalement différentes mais qui fonctionnent, apportant satisfactions et enrichisse­ment à tous les enfants handicapés ou non de ces classes.

De plus, à travers un article sur le bénévolat, nous renouvelons notre appel à rejoindre le comité de l’ARPA. C’est, en effet, un lieu de convivialité ou les « petits trucs » qui facilitent notre vie de parents d’enfants aveugles et malvoyants sont échangés.

Bonne lecture !        Henri

Appel à nos membres

Pour pouvoir vous transmettre rapidement et facilement les actualités de l’ARPA, nous avons besoin de votre adresse courriel !

Merci de nous la communiquer sans tarder sur info@arpa-romande.ch

A très bientôt ! Votre comité

Votre comité se présente

Johanna Lott-Fischer (trésorière)


Comme le temps file …. Notre fille, Annette, a déjà 12 ans et commence à être une vraie ado ! Son mot d’ordre : Je veux faire seule! Cependant, il n’est pas toujours facile pour nous parents de la laisser faire, surtout si elle a envie de rien faire. Mais avec son emploi de temps partagé entre une journée d’intégration dans une classe ordinaire à l’école primaire (voir article à la page 14) et son séjour à l’école pour Aveugles de Zollikofen en internat, elle a aussi le droit au repos!

Le weekend, après la grasse matinée, appré­ciée autant par la maman (Johanna, ingénieur indé­pendante, 48 ans) que le papa (Diego, ingénieur et chef d’entreprise, 48 ans) que par Annette, toute la fa­mille part en excursion, soit en tandem, soit à pied où sur notre voilier sur le lac de Neuchâtel.

A côté de la vie en grand air, nous apprécions aussi la musique, en concert où à la maison, quand Annette accompagne au piano papa qui joue de l’accordéon ou quand elle chante avec maman du Gospel.

Heureusement qu’il y a des associations comme l’ARPA où nous pouvons rencontrer d’autres familles qui peuvent nous filer les « bons tuyaux » pour régler un tas de petits – ou grands - problèmes de la vie avec un enfant aveugle. Mais pour cela, il faut qu’assez de familles participent à nos activités.

Donc, rejoignez-nous à la prochaine occasion –où proposez une activité nous-même ; nous vous aidons volontiers dans sa réalisation.

Claude Gerber (membre du comité)


Bonjour cher lecteur

Je me présente, Claude Gerber, 46 ans, habite à Moutier dans Jura-Bernois, employé chez un fabricant de machine-outil, marié, papa d’une fille de 18 ans et d’un fils malvoyant de 16 ans.

Suite à un souci de remboursement du matériel scolaire adapter dont notre fils avait besoin, nous avons trouvé en surfant sur le net le site de l’ARPA. C’est d’ailleurs de là que débuta mon aventure au sein de l’ARPA. Tout d’abord comme membre puis en tant que vice-président au sein du comité.

Mes loisirs sont la natation, le cinéma, la marche dans nos forêts et du ski.

J’apprécie beaucoup les moments où l’on se retrouve lors de nos comités ou lors de nos ren­contres avec les familles de l’association. Ce sont des moments de partages, de soutien, de joie et d’entraide où chacun peut discuter tout en étant compris par l’autre.

Henri Kornmann (président)


Le problème des photos de famille, c’est que, trop souvent, la maman ou le papa sont derrière l’objectif et manque à l’appel.

Après de longue recherche, je suis retombé sur cette photo où la famille Kornmann est au complet. Anne, Louise (notre première fille) et Léonie se trouvant devant moi.

Ingénieur en biotechnologie, cela fait 6 ans que j’ai rejoint le comité de l’ARPA. Il y a deux ans, suite au départ de notre présidente Marie-Laure, j’ai repris le flambeau.

Evidemment, le temps me manque pour animer l’association comme je le souhaiterais ; étant déjà très occupé par la famille, le travail et certains loisirs (joueur de hockey sur glace). Néanmoins, grâce à un comité engagé et efficace, l’ARPA répond toujours présent pour soutenir nos membres dans des projets d’intégrations divers et variés (école, cours de judo, accompagnants lors de camps…).

 

Vive le bénévolat !

2011 était l'Année européenne du bénévolat. Au moment du bilan, cet article a pour ambition de dresser l'état des lieux d'un phénomène d'une ampleur insoupçonnée, qui concerne de très près une organisation telle que la nôtre. Le point avec Marie-Chantal Collaud, permanente de l'asso­ciation Bénévolat-Vaud, Centre de compétences pour la vie associative, à Lausanne.

En Suisse, une personne sur quatre de 15 ans et plus exerce une activité bénévole organisée et près d'une sur trois, parfois les mêmes, s'engage bénévolement de manière informelle, dans le cadre de l'aide au voisinage ou à des membres de la famille. Ce sont là des chiffres impressionnants, encore que les bénévolats formel et informel aient reculé ces dix dernières années, respectivement de 3 et 8%. «Il existe de grandes différences entre les cantons, précise Marie-Chantal Collaud, suivant l'impact des services sociaux.» On constate ainsi que le bénévolat est sensiblement plus répandu en Suisse alémanique qu'en Suisse romande ou italienne, plus dans les régions rurales et les communes de moins de 2000 habitants qu'en ville. Selon une étude réalisée en 2010 sous l'égide du Département fédéral de l'intérieur, la population suisse dans son ensemble consacre en moyenne 2,6 heures par mois à un travail non rémunéré organisé et 2,7 heures à des prestations d'aide informelles. Pour ceux qui s'engagent, c'est à peu près une demi-journée par semaine, soit 13,7 heures par mois pour ce qui est du bénévolat organisé, 15,5 heures par mois pour le bénévolat informel. Ce qui donne le total ahurissant de 640 millions d'heures fournies gratuitement en 2010. La valeur de ce travail représente donc des milliards de francs.

Qui sont-ils? Qu'est-ce qui les motive?

Mais qui sont ces bénévoles et qu'est-ce qui les motive? Ils et elles sont de tout âge, avec une surreprésentation de la tranche des 40 à 54 ans mais ils sont nombreux parmi les jeunes et restent étonnam­ment disponibles à un âge avancé, jusqu'à 75 ans et plus. Les hommes sont les plus actifs dans les associations sportives et culturelles ainsi qu'en politique, les femmes dans les activités culturelles et socio-caritatives ainsi que dans les institutions religieuses. La bonne nouvelle, selon une enquête de l'Observatoire du bénévolat mis en place par la Société suisse d'utilité publique (SSUP), est que 80% des gens qui offrent bénévolement leur temps, leurs compétences et leur énergie disent le faire par plaisir; 74% ont envie de se mettre ensemble avec d'autres pour «faire bouger les choses» et 67% veulent aider autrui. Marie-Chantal Collaud illustre: «Le bénévolat permet aussi à des gens, quels qu'ils soient, de trouver une meilleure place dans la société, de mieux s'y intégrer. Il faut bien sûr trouver chaussure à son pied, s'engager selon ses compétences et ses envies, être la bonne per­sonne au bon endroit.» Pour elle, le meilleur du bénévolat est qu'if dé­friche des besoins nouveaux: enseigner le français aux étrangers, organiser des haltes-garderies, s'occuper des pensionnaires d'EMS en favorisant leur lien avec l'extérieur, en les emmenant chez le coiffeur ou, pourquoi pas, au cirque. «Les bénévoles innovent, identifient des domaines où l'action des pouvoirs publics fait défaut. Suivant les cas, il faut donc que l'Etat prenne ensuite le relais.» Ce qui est intéressant, constate encore la permanente de l'association Bénévolat-Vaud, c'est que les gens qui s'engagent ne sont pas des oisifs, des rentiers solitaires, des femmes aisées du genre des dames patronnesses du bon vieux temps: «Ce sont avant tout des personnes vivant en couple, travaillant à plein temps, souvent avec des diplômes de l'enseigne­ment supérieur. Quant aux seniors qui s'engagent, dans la plupart des cas ils avalent déjà été bénévoles du temps de leur vie active» Pour l'essentiel, les bénévoles ont foi en leurs compétences, ils sont bien insérés dans la société et, quand il s'agit d'étrangers, c'est souvent au sein de leur communauté qu'ils s'engagent.

Les largués de la vie s'engagent aussi

Depuis 2009, dans le canton de Vaud, on compte aussi parmi les bénévoles des gens que la vie n'a pas choyés. Avec le soutien de l'Etat, un projet de «Mesures d'actions citoyennes» (Macit) a été déve­loppé, qui vise à permettre aux bénéficiaires de l'aide sociale, des personnes inaptes au place­ment, de se sentir utiles, de renforcer leur estime de soi et leur confiance en soi, de retrouver un rythme dans leur vie quotidienne et de renouer des liens sociaux souvent brisés par la solitude et le repli sur soi, Le programme donne à ces per­sonnes en risque de marginalisation la possibilité d'effec­tuer, sur une base volontaire, une mission sur mesure au sein d'une association. Les intéressés bénéficient alors, pour construire leur projet per­sonnel, d'un accompagnement individuel. Il peut s'agir aussi bien de collaborer avec une équipe de cuisine, d'apporter son aide dans un magasin d'objets de seconde man, d'animer un atelier d'in­itiation au français, de donner un coup de main pour la saisie de données informatiques, bref d'apporter ses forces et ses compétences. «La fresque des bénévoles, vous le voyez, est extrêmement hétérogène, souligne Mme Collaud.

Mais l'essentiel qu'il faut en retenir, c'est que le bénévolat n'a rien à voir avec de l’amateurisme.» Il va de soi que les béné­voles, par définition, ne sont pas payés. «Si on leur donnait ne serait-ce que 10 francs de l’heure, ce seraient de faux bénévoles En revanche, c’est juste que les bénévoles soient remboursés des frais éventuels liés à leur engagement Après tout, pour être un bon bénévole, il faut avoir à manger.» Une des règles d'or du bénévolat est qu'en principe il ne doit pas consister en plus d'une demi-journée par semaine, sauf pour des événements ponctuels (manifestations cultu­relles ou sportives, camps de vacances pour per­sonnes handicapées) où I 'engagement peut s'étendre sur plusieurs jours.

Une interface entre l'offre et la demande Bénévolat-Vaud se veut avant tout une interface entre l'offre et la demande. L'association aide ceux qui en manifestent l'envie à s'engager en dispensant gratuite­ment ses conseils, stimule les compétences, contribue à la formation des bénévoles, développe et soutient les associations, met en réseau les organisations à dominante bénévole actives dans les domaines social, environnemental, culturel, artistique, humanitaire ou sportif. En d'autres termes, c'est un centre de compétence pour la vie asso­ciative.

Reprit de FSA, clin d’œil, Janvier 2012. Gian Pozzi

 

L'intégration scolaire - à vrai dire, j'aurais préféré fréquenter l'école publique

C'était certes il y a longtemps, mais je pense encore souvent à ma sco­larité. Beaucoup de souvenirs, beau­coup de camarades, beaucoup d'expé­riences enrichissantes mais aussi beaucoup de questions qui remontent à la surface: pourquoi ai-je dû aller dans une école spéciale, pourquoi pas à l'école publique? Que m'a-t-elle apporté et qu'est-ce que j'ai manqué?

J'ai fréquenté l'école pour aveugles de Zollikofen de 1976 à 1986. Comme mes parents n'habitaient pas loin, je partageais ma vie entre l'internat et le domicile familial. En principe, je rentrais le soir à la maison. Mais plus j'avançais en âge, plus je dormais à l'internat.

Jardin d'enfants oui, école non

Je suis allé au jardin d'enfants public avec mes petits camarades. Puis la Commission scolaire décida que je devais passer par l'école spéciale. J'ignore pourquoi cette décision a été prise. Les enseignants avaient-ils peur de dispenser leur savoir à un garçon handicapé?

J'étais déstabilisé. Quand on m'a arraché brusquement à mon milieu sécurisant, j'éprouvai des peurs. Je perdis très rapidement le contact avec mes copains du quartier. Pour eux, j'étais absent du matin jusqu'au soir. Ce n'était pas simple à comprendre. Mais je me résignai à cette nouvelle situation et me mis rapidement à chercher des amis dans cet environnement étranger. J'étais désormais un enfant handicapé au milieu de beaucoup d'autres, garçons et filles, handicapés. Auparavant, j'étais le seul enfant handicapé. Cela présente des avantages et des inconvénients.

J'ai vite appris à me défendre

Comme à la maison, je devais parfois m'imposer et m'affirmer parmi les enfants normalement voyants, j'appris vite à m'intégrer.

Je compris rapidement qu'il y avait des moments où le handicap visuel comportait des avantages. On m'aidait, j'avais même quelques privilèges, un statut spécial et j'étais intéressant parce que différent.

A l'école pour aveugles, cela changea du tout au tout. Je devais moins me défendre pour me faire ma place dans le groupe. On me déchargeait de beaucoup de choses, on me donnait des coups de main en veux-tu en voilà. Je n'avais plus besoin de chercher mes repères. Du point de vue de l'autonomie, était-ce un progrès ou plutôt un recul? Vu d'ici, je constate que j'ai eu la vie facile durant ma scolarité. Je ne devais pas conquérir ma place, j'étais un parmi beaucoup de mes semblables. Il n'y avait pratiquement pas d'intégration hors de l'institution.

Catéchisme avec les jeunes du village

Vers la fin de la scolarité nous allions au catéchisme au village. Les handicapés et les autres y étaient mélangés. J'ai à nouveau dû apprendre à me situer dans un groupe. Au début, ce fut désagréable car rien n'allait plus de soi et que je devais me comporter autrement que d'habitude.

Mais c'est là que j'ai appris à m'intégrer vraiment. Les autres jeunes apprirent à me prendre pour ce que j'étais: un adolescent avec handicap, avec son caractère, ses forces et ses faiblesses, ses joies et ses souffrances; un jeune homme normal en train de grandir.

Cette étape aurait-elle été plus facile si j'avais fréquenté l'école publique? La question reste hypothétique. Mais je suis convaincu que la surprotection de l'école pour aveugles ne m'était pas nécessaire. Bien sûr, dans bien des cas une école spéciale a du sens. Mais je suis sûr qu'il faut se battre pour faire sa place dans la vie, comme c'est le cas pour les jeunes gens sans handicap.

Côté scolaire, c'est blanc bonnet, bonnet blanc

Pour ce qui est de l'enseignement à l'école pour aveugles, on m'a dispensé correctement le savoir obligatoire. Je pouvais rivaliser sans problème avec les jeunes de l'école publique. Que je sois paresseux ou motivé relevait de mon choix, comme cela eût été le cas à l'école publique. Il tombe sous le sens que la discipline à l'école pour aveugles a souvent été assez lâche et que j'ai souvent utilisé mon handicap visuel en guise d'alibi. Mais j'ignore si cela a eu des effets positifs ou négatifs sur ma vie.

J'ai beaucoup de beaux souvenirs de Zollikofen. Mais je reste plutôt critique à l'endroit des écoles spéciales. Il importe d'aborder de façon constructive et persévérante la question de l'école idoine pour un enfant handicapé, afin d'identifier la meilleure solution individuelle.

Daniel Pulver, traduit de l'allemand par Gian Pozzy. Extrait de la revue FSA 4/2011

 

L’intégration d’un enfant différent n’est-elle qu’un parcours semé d’embûches ?

Annette est une jeune Neuchâteloise de 11 ans, aveugle de naissance et qui éprouve des difficultés à communiquer. Quand on l’a découvert, après quelques mois, elle allait déjà à la crèche; elle a continué, naturellement, de le faire. C’était pourtant la première étape du parcours semé d’embûches de l’intégration d’un enfant en situation de handicap dans le cursus éducatif ordinaire.

En effet, à Neuchâtel comme dans d’autres cantons, l’intégration n’a long­temps été ni une pratique courante, ni une solution encouragée par les autorités scolaires. …

Au bon vouloir des enseignants

Il y a six ans, lorsque les parents d’Annette ont souhaité qu’elle aille un jour par semaine à l’école ordinaire, leur demande a surpris : qu’allait-elle faire les autres jours de la semaine ? Aucune solution n’était prévue pour ce cas de figure. La maman d’Annette, Johanna Lott Fischer, se souvient : tout s’était bien passé jusque-là, nous trouvions dommage qu’elle ne puisse pas aller à l’école avec les enfants du quartier. Nous avons donc pris les contacts et cherché des solutions pour qu’Annette puisse être intégrée partiellement à l’école ordinaire tout en bénéficiant d’une éducation spécialisée le reste du temps. Cela demande beaucoup de flexibilité de la part de toutes les instances concernées et c’est un grand effort d’organisation pour nous qui faisons la coordination. Et ce n’est jamais terminé, chaque année ça recommence, il faut convaincre et s’assurer que tout convienne à Annette. Avec l’aide du Service socio-éducatif de la ville de Neu­châtel, il a ainsi fallu trouver des enseignants qui soient d’accord d’accepter Annette dans leur classe. Plus tard est intervenu le Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue, qui a détaché Sylvie Bovet Jornod, enseignante spécialisée formée pour accompagner les enfants malvoyants et aveugles. Elle la suit depuis trois ans tous les lundis après-midi.


Annette fréquente aujourd’hui un jour par semaine une classe de 4e année primaire au Collège des Parcs à Neu­châtel. Jusqu’ici, tout se passe bien et ses parents se disent satisfaits de la situa­tion actuelle. Une fois les contacts éta­blis, les portes se sont ouvertes et des per­sonnes se sont montrées prêtes à discuter et à tenter l’aventure. Ils regrettent seulement que rien ne soit prévu pour ce type de situation, d’avoir dû eux-mêmes prendre l’initiative et de dépendre du bon vou­loir des enseignants. Johanna Lott Fischer insiste sur l’importance du dialogue avec ces derniers, qu’il faut contacter tôt afin qu’ils aient le temps de réfléchir et de se préparer. La plupart d’entre eux n’ont jamais vécu une telle situation et ils ont besoin de savoir quel est leur rôle et quel soutien ils peuvent espérer. Ils ont également souvent des réticences à avoir un enseignant spécialisé dans la classe, des réticences qui s’estompent rapidement plupart du temps, précise Sylvie Bovet Jornod, qui intervient aux côtés d’enfants malvoyants dans plusieurs classes.

Si tout se passe bien jusqu’ici, les parents d’Annette savent que tout peut aussi être soudainement remis en question. Comme le souligne Delphine Vaucher (secrétaire d’insieme Neuchâtel et membre du groupe «intégration»), il est difficile ainsi de faire des projets pour ces enfants. Même si un enseignant accepte de les prendre dans sa classe, tout peut être remis en question à n’importe quel moment. Tout tient à leur bonne volonté et souvent ils acceptent en se réservant la possibilité d’arrêter si cela ne fonctionne pas.

Les autres enfants et leurs parents

Le dialogue est aussi important du côté des parents des autres enfants de la classe. Séverine Marquand, la maman d’Arthur, camarade de classe d’Annette, se souvient que lors de la réunion de parents à l’entrée en 1re année primaire, les parents d’Annette étaient présents pour expliquer leur démarche et répondre aux questions. Bien expliquer la situation de l’enfant intégré, ses difficultés mais aussi ses capacités, cela permet de mieux comprendre certains comportements et dissiper d’éventuels malentendus, par exemple quant au fait que l’enfant intégré n’est pas soumis aux mêmes exigences et passe les années sans avoir atteint les objectifs imposés aux autres, précise Delphine Vaucher. Du côté des élèves, parler est tout aussi important, même si selon Séverine Marquand, dont le fils côtoie Annette depuis l’école enfantine, les enfants ont une manière d’aborder la différence qui est tout autre que celle des adultes, ils se posent moins de questions et ils y vont spontanément. Je trouve très positif que ces contacts soient possibles à l’école, pour les uns et les autres, pour ne pas oublier qu’il est important de faire une place à tout le monde dans la société.

L’intégration à temps partiel

Bien qu’elle ne soit habituelle ni pour l’école ordinaire ni pour l’insti­tution spécialisée que fréquente Annette, la solution de l’intégration partielle semble convenir à tout le monde, et à Annette en premier. En effet, de par son handicap, elle doit faire des apprentissages spécifiques comme le braille, apprendre à se déplacer ou à utiliser un clavier spécial. C’est ce qu’elle fait au Zentrum für blinde und sehbehinderte Kinder und Jugendliche à Zollikofen près de Berne. Mais depuis son entrée à la crèche, ses parents ne cessent de constater le plaisir d’Annette à côtoyer les enfants de son quartier. Ils relèvent aussi la stimulation intellectuelle que cette journée au Collège des Parcs constitue pour elle. A l’école à Berne, c’est un autre rythme, parfois plus adapté. Mais hors de l’école spéciale, elle vit dans un univers fait pour et par les personne voyantes, si elle en était coupée pendant toute sa scolarité, comment pourrait-elle un jour s’y sentir à l’aise ? interroge sa maman, qui ajoute : elle bénéficie de cette ma­nière des deux systèmes - ordinaire et spécialisé - et également d’un enseignement bilingue, puisqu’à Berne cela se passe en allemand. Mady Ruedin, l’enseignante de la classe d’Annette, est claire sur ce point : une journée par semaine c’est bien, c’est même bénéfique pour tout le monde. Mais plus, ce serait difficile. Quand Annette participe, cela prend quand même plus de temps, en raison de ses difficultés à communiquer. Et puis avoir tous les jours un autre adulte dans la classe ou alors m’occuper d’elle moi-même en plus des autres enfants, cela ne me semble pas réalisable ni même souhaitable.

Le contact avec les camarades

Les parents d’Annette continuent de tout faire pour que leur fille puisse aller un jour par semaine à l’école ordinaire, non seulement parce que c’est bénéfique pour elle mais aussi parce qu’elle est bien accueillie par les autres enfants, elle fait vraiment partie de la classe. Mady Ruedin, l’enseignante qui a repris la classe en duo avec une collègue en début de 4e année primaire, dit à peu près la même chose d’une autre manière : on sent qu’il y a une har­monie dans cette classe, que ces élèves fonctionnent depuis longtemps en­semble et que ça se passe bien. Ils comprennent qu’il y a des choses qu’Annette ne peut pas faire, qu’il faut parfois de la patience. Les interactions ne sont d’ailleurs pas toujours faciles. Le lundi par exemple, deux enfants se proposent pour accompagner Annette lors de la récréation, car il faut l’aider à sortir de la classe, à s’habiller, à descendre les escaliers et rester avec elle dans la cour. Ces moments-là ne sont pas toujours aisés pour les enfants : C’est assez difficile de jouer avec Annette. Elle ne peut pas jouer aux jeux auxquels on joue, et puis elle ne parle pas beaucoup. Quand on lui demande à quoi elle voudrait jouer, elle ne peut pas le dire. On ne sait pas très bien à quoi elle a envie de jouer, ce qu’elle aime faire.

Ces difficultés de communication n’empêchent pas que des espaces d’échange existent, échanges qui sont facilités quand un adulte participe. Pendant l’heure de dessin par exemple, Sylvie Bovet Jornod propose régulièrement à un enfant de venir lire une histoire à Annette ou de lui expliquer quelque chose qu’elle n’a pas compris, ce que les élèves font avec beaucoup de plaisir. La musique constitue également un moyen important pour Annette de participer. Elle apprécie les leçons de flûte, qui sont d’ailleurs données par Sylvie Bovet Jornod, parce qu’elles font partie de l’intégration d’Annette. Les élèves et l’enseignante lui lisent les notes, on lui joue le morceau une fois et en général elle est capable de le jouer à son tour. Ses camarades sont aussi impressionnés par le fait qu’elle sache chanter une note juste, sans même l’avoir entendue au piano. Ses talents en musique lui permettent également de participer aux concerts de la chorale, moments importants de la vie de l’école.

Aller à l’école avec les autres enfants du quartier, ce n’est pas seulement s’intégrer à l’école mais aussi faire partie de la vie du quartier. Les parents d’Annette en sont très conscients, et c’est une raison importante de leur démarche : si Annette était toute la semaine à Berne, ce serait un risque de s’isoler pour toute la famille. Aujourd’hui, c’est tout le contraire qui se passe. Les enfants du quartier connaissent Annette et la saluent quand ils la croisent en ville. Ils savent comment interagir avec elle : il faut lui toucher le bras et lui dire salut, et souvent après elle nous reconnaît, elle dit notre nom, raconte Arthur, un de ses camarades de classe. Les parents d’Annette font d’ailleurs beaucoup pour la vie du quartier, notamment à travers leur fille. L’anniversaire d’Annette est un événement pour les enfants, qui l’attendent avec impatience. La dernière fois, ils ont pris un goûter dans le noir et ils ne sont pas près d’oublier cette expérience !

Le droit à une place dans la société

Ce genre d’activités nous rappelle une chose : l’intégration ne signifie pas seulement faire une place à l’autre dans la société, c’est aussi s’intéresser à lui, à son univers, à sa façon de percevoir le monde. C’est bien là ce que visent, d’une manière ludique, les parents d’Annette. Sylvie Bovet-Jornod y contribue à l’école. L’année passée, elle a par exemple lu l’histoire de Louis Braille avec la classe. Elle dispose également de matériel permettant de se mettre dans la peau d’une personne malvoyante ou aveugle, qu’elle fait expérimenter aux élèves. La machine à écrire Braille qui reste dans la classe et qu’Annette utilise quand elle vient permet aux élèves de s’apercevoir des compétences spécifiques qu’elle acquiert le reste de la semaine à Berne. C’est pour elle aussi une manière de partager un peu son monde avec les autres enfants ; elle a par exemple offert à chaque élève de la classe un marque-page avec son nom écrit en braille. L’enrichissement est certain et il est réciproque.

Un enrichissement réciproque

L’intégration des enfants en situation de handicap n’est pas un but en soi mais c’est l’un des moyens qui nous permet de rendre à ces personnes leur place dans la société. Elles ont leur place et elles ont le droit de vivre pleinement tout ce à quoi les personnes dites ordinaires ont accès. L’intégration scolaire est un des moyens d’atteindre cet objectif. Le fait de travailler dans une structure protégée ou de travailler dans une structure ordinaire, ce n’est pas non plus un but en soi, c’est un moyen de vivre dans la société, de donner une place et un rôle à tout le monde. Delphine Vaucher met ici le doigt sur deux aspects fondamentaux de la raison d’être de l’intégration. D’abord, elle nous rappelle que l’intégration répond à la Loi sur l’égalité pour les handicapés, aussi appelée LHand, qui veut que l’on facilite la participation des personnes handicapées à la société. L’accès à une formation est un moyen, notamment par l’encouragement de l’intégration des enfants et adolescents handicapés dans l’école régulière par des formes de scolarisation adéquates (art.20). Delphine Vaucher relève ensuite un autre élément sensible de la participation des personnes handicapées à notre société, celle du travail : à quoi bon intégrer les enfants en situation de handicap à l’école ordinaire si c’est pour ne leur offrir que la perspective du travail en atelier pro­tégé ? Comment soutenir les patrons qui souhaiteraient faire une place à une personne handicapée et comment en convaincre d’autres de le faire, voilà assurément d’autres défis actuels d’insieme.

Mady Ruedin, enseignante en 4e année primaire au Collège des Parcs, Neuchâtel

Comment l'intégration d'Annette dans votre classe a-t-elle été décidée?

C'est le Service socio-éducatif de la ville qui m'a contactée au mois de mai pour me demander si j'étais d'accord de reprendre la classe où était Annette. Je la connaissais déjà un peu, je la voyais de temps en temps dans le collège et elle participait aux concerts de la chorale. Il m'a fallu un moment pour dire oui : ce qui m'inquiétait, c'était plus d'avoir toujours un autre adulte dans la classe qu'Annette elle-même. Finalement je me suis dit que c'était une occasion que je n'aurais peut-être plus de vivre cela. J'ai donc accepté et tout se passe bien, le feeling a passé, je m'entends très bien avec Nathalie, l'accompagnante qui vient le matin, et Sylvie, l'enseignante spécialisée qui vient l'après-midi. C'est une expérience positive pour moi.

Est-ce que la présence d'Annette implique de grands changements dans votre programme ?

Pour qu'Annette puisse profiter de l'enseignement, il a fallu favoriser les activités orales et le français. Cela tombe bien, le lundi est le jour où nous découvrons les mots de vocabulaire de la semaine. J'ai dû déplacer les maths en début de matinée avant qu'Annette arrive, car c'est plus difficile à suivre pour elle. La géographie lui convient bien par contre, puisque cela se passe en grande partie oralement. Dans l'après-midi il y a la leçon de flûte, qu'elle apprécie beaucoup. Et finalement pendant le dessin, elle répète les mots de vocabulaire et les écrits sur sa machine à écrire Braille, avec Sylvie. Il y a donc eu quel­ques arrangements, mais cela reste minime.

Quelles sont les conditions nécessaires à l'intégration d'enfants en situation de handicap dans une classe ordinaire ?

Pour que ça se passe bien, il faut que ce soit un choix. Si c'est imposé, on a d'emblée un point de vue négatif. Il est aussi nécessaire que les gens soient d'accord de travailler ensemble et qu'ils s'entendent bien. C'est possible dans une classe homogène, c'est-à-dire où il n'y a pas trop de problèmes de comportements ou d'enfants qui doivent appren­dre le français par exemple ; sinon, cela devient très lourd pour l'enseignant. Et puis, s'il faut une personne pour accompagner l'enfant tous les jours, je ne vois pas tellement l'intérêt de l'intégration. D'ailleurs, tous les enseignants n'accepteraient pas d'avoir un autre adulte dans la classe, encore moins à plein temps.

Quels sont les bénéfices d’une telle intégration ?

Il est difficile de dire si c'est directement lié à l'intégration d'Annette, mais cette classe a beaucoup de qualités humaines, il y a une tolérance entre les élèves qu'on ne trouve pas dans toutes les classes. Les enfants disent qu'ils trouvent important de connaître mieux un handicap pour savoir comment se comporter avec des personnes qui ont des difficultés. Ils sont curieux de savoir comment Annette perçoit les choses, les couleurs par exemple. Et puis c'est vraiment un désir des parents que les enfants en situation de handicap soient le mieux possible intégrés dans la société, et ce n'est pas en les isolant qu'on facilite cela. L'intégration sociale me semble importante et si l'école peut y contribuer, c'est bien.

Sylvie Bovet Jornod, enseignante spécialisée, suit Annette tous les lundis

J'accompagne l'élève pendant quelques leçons par semaine, selon ses besoins, et je m'occupe aussi de vérifier que le matériel et l'environnement soient adaptés. Dans le cas d'enfants malvoyants, il faut par exemple s'assurer que les grandissements soient adéquats, dans certaines situations que la lumière soit suffisante ou qu’elle ne gêne pas. Si l'enfant est fatigué et de ce fait encontre certaines difficultés, j'essaie d'obtenir des aménagements dans l'horaire, mais c'est un point délicat. Je donne aussi des conseils aux enseignants, qui sont seuls avec l'enfant le reste de la semaine. Lorsque je suis dans la classe, je m'occupe bien sûr en priorité de l'enfant intégré, mais je vais aussi aider les autres élèves. C'est une manière non seulement de lui laisser de l'autonomie, mais aussi de décharger un peu l'enseignant. Les effectifs sont de plus en plus grands et les classes toujours plus hétérogènes. Le travail des enseignants est devenu très chargé et je pense qu’ils apprécient cette aide.

Quels sont selon vous les ingrédients d'une intégration réussie ?

Discuter avec l'enseignant, ne pas lui imposer un élève est primordial. Il faut aussi que l'enfant ne souffre pas, qu'il se sente accepté et qu'il n'y ait pas un décalage trop grand avec les autres enfants de la classe. Sinon, il voit l'écart, lâche prise, se démotive. Il est important de sensi­biliser le reste de la classe pour qu'ils puissent bien comprendre quel est le handicap de leur camarade, comment il le vit, quelles difficultés il rencontre ; de cette manière, ils comprennent mieux et l’intégration est plus réussie.

A votre avis, que faudrait-il changer dans l'école pour que l'intégration se fasse plus aisément ?

Les élèves sont tous différents; l'élève moyen, la classe homogène cela n'existe pas. Dispenser un enseignement différencié serait une façon de répondre à cette hétérogénéité, mais il faut s'en donner les moyens. Les effectifs sont souvent trop importants pour le faire aujourd'hui. Dans ce domaine, on pourrait s'inspirer des pays nor­diques, qui ont des meilleurs résultats que nous – je pense aux épreuves PISA – et qui fonctionnent différemment. En Finlande, une analyse fine est faite des besoins réels de chaque élève, il y a moins d'élèves dans les classes, notamment dans les degrés inférieurs et il y a généralement plus qu’une personne pour s’occuper de la classe. De cette manière, il est plus facile d’appliquer des rythmes d’apprentis­sage adaptés à chaque enfant. Mais une fois encore, cela demande des moyens et il faut être prêt à les investir. Mais nos enfants ne valent-ils pas cela ?

Froidevaux, Anne. (2011). L'intégration d'un enfant différent n'est-elle qu'un parcours semé d'embûches? Politiques de l'éducation et innovations : bulletin CIIP, 25, 20-23.

Le bulletin en son entier, dédié au thème de l’intégration scolaire, est accessible sur http://www.ciip.ch/la_ciip/portrait/bulletins_ciip/bulletins_ciip_archives

 

Audiodescription –cinéma ou théâtre accessible pour nos enfants

Un dimanche pluvieux ou un anniversaire d’enfants – pourquoi ne pas une fois tenter l’expérience d’audio-description pour un film ou une pièce de théâtre ? L’ARPA a été contacté dernièrement par deux associations qui ont pour but de rendre le cinéma et le théâtre accessible aux personnes malvoyantes et aveugles et qui ont proposé des évènements destinées spécialement aux enfants. Pour cette saison, les manifestations sont terminées, mais la programmation pour 2012-2013 est en cours.

Audiodescription

L’audiodescription (abréviation AD) est un procédé qui permet de rendre des films, des spectacles ou des expositions, accessibles aux personnes aveug­les ou malvoyantes grâce à un texte en voix off qui décrit les éléments visuels de l'œuvre. La voix de la description est placée entre les dialogues ou les éléments sonores importants afin de ne pas nuire à l'œuvre originale. Elle peut être diffusée dans des casques sans fil pour ne pas gêner les autres spectateurs (Source : Wikipedia)

Cinéma

Regards Neufs, un projet de l’association lausannoise Base-Cour, propose des longs métrages en audio-description dès le jour de leur sortie com­merciale en salle. Pour cela, elle a engagé une audio-descriptrice française, qui forme également une personne de l’association. En plus, tous les pre­miers dimanches du mois, une projection en audio-description d’un film du catalogue de la RTS est programmée au cinéma Pathé Flon (Lausanne).

Pour toucher un jeune public, une séance a été organisé un mercredi après-midi début mai. Pour beaucoup d’enfants malvoyants, c’était la première fois qu’ils ont été au cinéma !

Après cette première saison, qui a rencontré un beau succès, la pro­grammation de la saison 2012-2013 est en cours. Pour les enfants, 3 à 4 films sont prévus. En partenariat avec Cinéma Pathé, des projections auront également lieu à Genève.

Pour plus de détails & programme des projections: www.regards-neufs.ch

Théâtre

Le Théâtre Vidy-Lausanne a présenté cette année pour la première fois des spectacles en audio-description directe. Avant le spectacle, les handicapés de la vue pouvaient se familiariser avec le décor en se déambulant sur la scène. Pour la saison 2012-2013, trois nouveaux spectacles sont prévus. Pour plus de détails & programme des projections: www.vidy.ch

Télévision


La télévision suisse romande (RTS) diffuse en moyenne au moins deux films par mois. La programmation actualisée est publiée sur http://www.sbv-fsa.ch/fr/annonces_multimedia#Programme%20TV%20en%20audiodescription

La plupart des chaînes TV francophones ont une programmation en audio-description régulière (Arte, TF1, Canal+, France2, M6 et W9).

DVD

 

Les DVD disponibles en audiodescription sont munis des sigles.

Liste des titres actuellement disponibles en français www.handicapzero.org

Service d’accompagnement

La Chaise rouge, service d’accompagnement bénévole pour les loisirs des personnes handicapées, a été lancé fin octobre 2011. Imaginé par la Croix-Rouge vaudoise et Pro Infirmis Vaud, avec le soutien de l’Etat de Vaud, ce service offre une présence bénévole aux personnes en situation de handicap vivant à domicile, afin de leur permettre de réaliser une activité qui leur tient à cœur, notamment dans le domaine des loisirs et de la culture.

www.la-chaise-rouge.ch / www.info-handicap.ch

www.audiodescription-france.org : Catalogue à Liste de films pour enfants

www.avh.asso.fr : Audiovision (emprunt depuis la Suisse possible)

Comptes 2011

Sur demande